Mon rêve: devenir Monitrice

4. SOS ENSEIGNANTS

 

    L’image que les Français ont des enseignants est en partie conditionnée par les privilèges dont ils jouissent: sécurité de l’emploi, horaires de travail réduits, grandes vacances.

    Ces avantages n’empêchent pas les enseignants d’être mal dans leur peau. Les causes officielles de ce malaise sont l’insuffisance des salaires et les mauvaises conditions de travail dans les établissements scolaires. Ils se sentent enfin délaissés par l’administration, qui les paye mal et ne leur fournit pas les moyens pédagogiques nécessaires à l’exercice de leur métier.

    Ce malaise se manifeste depuis quelques années par la décision de certains de quitter l’enseignement et de tenter leur chance dans l’entreprise. Il se traduit aussi par un fort déficit de recrutement: les postes mis au concours ne sont pas tous pourvus alors qu’il faudra recruter 130 000 instituteurs et 160 000 professeurs.

    Le manque de considération est, là encore, une cause importante d’insatisfaction. Le prestige de l’instituteur et l’autorité du professeur, tant vis-à-vis des élèves que des parents, ont été laminés par le développement des médias qui concurrencent de plus en plus l’école dans la diffusion de la connaissance. Face aux familles et à la télévision, ils ne sont plus aujourd'hui les seuls détenteurs du savoir.

    Après avoir été un lieu de relation et de libération, l’école républicaine a subi les soubresauts de Mai 68 et leurs effets sur les mentalités. Elle s’est raidie devant la concurrence croissante de la télévision. Elle n’a pas su répondre aux attentes des parents ni à celles de l’économie. Les progrès de la scolarisation ont amplifié ces problèmes d’adaptation, les rendant de plus en plus apparents et de moins en moins supportables.

 

 

    Depuis l’âge de dix-neuf ans, je vis parmi les routiers, mais je n’avais pas vu de femmes au volant d’un camion. Il fallait bien un commencement. Pourquoi pas moi? C’était un défi. Je l’ai lancé aux hommes mais surtout à moi-même. Je rêve toujours de dépasser les autres. C’est ce qui fait ma force. J’ai passé mon permis poids lourds et je l’ai eu du premier coup. J’ai livré des sacs de pommes de terre à travers la France. Ensuite j’ai fait des déménagements. J’avais de l’aide, mais c’est moi qui disposais les meubles dans le camion. C’est tout un art. Je n’aurais pas voulu que quelqu’un y mette la main. J’ai conduit des camions avec de gros museaux devant. C’est extraordinaire. Tous les ans se dispute le championnat des routiers. Cette année la finale a eu lieu à Bordeaux, aucune femme n’y participait dans la catégorie. Je me suis retrouvée seule contre tous, j’en suis fière. L’épreuve comportait beaucoup de manoeuvres nécessitant la précision et l’adresse. J’avais un semi-remorque, un engin de 15 mètres de long. J’ai fait un très bon parcours. Le public était avec moi. C’était formidable. Je fais 120 000 kilomètres par an. Ce métier est très dur pour une femme. Il faut de la résistance, de la corpulence, de la santé. Je commence souvent à minuit, roule 14 à 18 heures par jour et parfois ne dors pas la nuit.