Racontez cette histoire par écrit en inventant le début.

À L’HÔPITAL

 

Hier je suis allé voir mon ami Jean à l’hôpital. On m’avait prévenu que deux jours avant, il avait eu un accident d’auto: avec sa voiture, il avait accroché un camion. Il a de nombreuses blessures: au bras droit, à trois doigts de la main gauche, et aux deux jambes: genou droit, pied gauche, sans compter quelques petites blessures au nez et au cou.

    Quand je suis entré dans sa chambre d’hôpital, je ne l’ai pas reconnu d’abord. Sous les pansements on voyait juste un oeil et sa bouche!

– Eh! bien, mon vieux, ai-je dit, comment vas-tu?

– Pas trop mal. Mais j’ai passé deux mauvaises nuits et je me sens faible.

– As-tu perdu beaucoup de sang?

– Oui. Il a fallu me faire une transfusion aussitôt après l’accident.

– On t’a opéré?

– Non, mais demain on fera une radio de la main gauche et on me coupera peut-être trois doigts.

– Heureusement que c’est la main gauche qui est blessée.

– Oh! Tu sais, main gauche ou main droite, j’aimerais mieux garder tous mes doigts!

      À ce moment une infirmière est arrivée:

– Allons, a-t-elle dit, c’est assez pour aujourd’hui. Votre ami est fatigué. Vous reviendrez demain si vous voulez.

 

 

L’APPENDICITE

 

– Je ne comprends pas.

– Quand il a touché mon appendicite, j’ai éprouvé une terrible douleur.

– Tu avais vraiment mal?

– Je te le jure. Il dit qu’il faut indiscutablement m’opérer, que ce n’est pas urgent, cependant que moins on attendra, mieux cela vaudra.

– C’est psychique.

– On va me faire des examens tout à l’heure, et s’ils confirment le diagnostic, j’entrerai en clinique après-demain.

– Prends d’abord l’avis de quelqu’un d’autre, de ton médecin de famille.

– Tu crois au Père Noël, il n’y a plus de médecin de famille.

Luce était très ennuyée.

– As-tu prévenu tes parents? demanda-t-elle.

– Je les mettrai au courant après. Ils s’affoleraient et me compliqueraient la vie, c’est tout. Et puis un de mes cousins est chirurgien, ils voudraient que je m’adresse à lui…

– Mais vraiment, c’est toujours… l’homme de la vie?

– Plus que jamais, quoique j’aie eu un choc. Le salon d’attente est meublé en faux Louis XIII.

– Et cela n’a pas suffi à te dégriser?

– Non, au contraire. Dans trois mois, la pièce sera installée autrement.

– Tu es plus sûre de toi aujourd’hui.

– Je vais jouer le grand jeu.

– Tu ne pouvais pas commencer tout de suite?

– Mais non: si tu étales tes atouts en premier, tu es perdue.

– Thérèse, je t’en prie, reviens sur terre. Avant de te décider, invite-le à prendre un verre chez toi.

– J’aurais l’air de courir après lui, tandis qu’en me faisant opérer, j’ai le temps d’agir avec diplomatie: rien ne sera brusqué.

– Tu seras vraiment en pleine possession de tes moyens, démaquillée, décoiffée, en sueur et te tordant de douleur! Les conditions idéales pour séduire!

– J’ai déjà tout prévu… Il y a un maquillage transparent pour le lit, très pâle, un rose candide, un rouge à lèvres cyclamen: je serai attendrissante.

– Il doit être blasé.

– Alors tu ne crois pas que je suis malade? Ce qui pourrait être dangereux, ce serait de ne pas me soigner.

– Si tu t’obstines, dit enfin Luce, je téléphonerai au chirurgien et je le préviendrai que tu lui as joué la comédie.

– D’abord, je ne lui ai pas joué la comédie, dit Thérèse en portant sa main à son flanc droit, et ensuite, je ne t’ai jamais dit son nom. Maintenant, je suis obligée de te quitter: on va me faire une prise de sang.

Luce sortit du magasin, effondrée. On parlait toujours trop se répétait-elle. Elle aurait dû réfléchir avant de suggérer cette idée stupide.

     Le lendemain Thérèse téléphona à Luce d’un ton satisfait, pour lui annoncer que les examens confirmaient qu’elle avait une crise d’appendicite.

    Le jour de l’opération, Luce était affreusement angoissée. Elle se sentait responsable de toute l’affaire et ne fut soulagée que lorsqu’elle sut que tout s’était bien passé.

     Lorsqu’on autorisa Luce à voir son amie et qu’elle pénétra dans sa chambre, elle trouva Thérèse blême, les cheveux en désordre, mais souriante.

  – Tu ne sais pas le plus beau, fit Thérèse, il était grand temps. J’avais un début d’abcès et cette opération m’a sauvé la vie: c’est à toi que je le dois. Je t’en suis très reconnaissante.

– Ce n’est pas possible! s’exclama Luce.

– Le docteur me l’a affirmé.

– C’est invraisemblable, tu te portais à merveille.

– Je le croyais, soupira Thérèse.

– Voilà que tu joues Knock![7]

– Parfois on est à la veille de la catastrophe et on l’ignore.

  – Peut-être. Enfin, tu as bien supporté l’opération, c’est l’essentiel. Tu n’as pas trop souffert? Ces anesthésies nouvelles sont-elles vraiment efficaces?

    – J’ai horriblement souffert au réveil, et je souffre encore, mais je ne regrette rien.

   – Peut-on espérer que tu conserveras ta vésicule biliaire, ton estomac entier?

  – Cette intervention était nécessaire.

   – Ma pauvre Thérèse, tu es trop crédule. Les médecins disent toujours qu’il était temps. Ils sont bien obligés de justifier leur diagnostic. Tu imagines le chirurgien qui vient annoncer: "On vous a opéré pour rien". Il faut avouer que tu as tout fait pour induire ce pauvre homme en erreur.

  – Ce que tu es entêtée! On m’a apporté mon appendicite: une horreur!

  – Tu en as déjà vu d’autres?

  – Non.

  – Alors, comment reconnais-tu un bon?

  – Oh! Je t’assure que le mien avais mauvaise mine.

  – Alors, tant mieux! soupira Luce. Et ta conquête? Au moins est-elle achevée?

   – Eh bien!… amorcée seulement. Il m’a tout de même demandé, ce matin, si je pouvais lui procurer un fauteuil "os de mouton".

   – Évidemment, c’est un commencement, mais il n’est pas encore converti à la Belle Epoque?

  – Laisse-moi le temps et je lui vendrai mon salon "Métro".

  – Si je comprends bien, il est surtout question, entre vous, de mobilier.