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Les niveaux et les aspects de la langue.

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Les rapports paradigmatiques et syntagmatiques.

Les éléments linguistiques sont liés entre eux par 2 types de relations - syntagmatiques et paradigmatiques.

Les rapports syntagmatiques sont ceux de contiguïté. Ils réunissent des éléments voisins ou ceux qui constituent une unité de niveau supérieur. Ces éléments peuvent se combiner, mais ne peuvent pas se remplacer. P. ex., le lien de 2 phonèmes à l'intérieur du mot (i + l = il), ou de 2 morphèmes au sein de mots (parl + ait = parlait), ou de 2 mots dans un groupe syntaxique (Pierre + parle). Le choix d'un élément sur le plan syntagmatique dépend de ses possibilités combinatoires. Il n'est donc pas toujours libre, mais sujet a toutes sortes de restrictions étudiées par la grammaire.

Les rapports paradigmatiques sont ceux de ressemblance de substitution. Ils ne peuvent pas se combiner, mais ils peuvent se remplacer, parce qu'ils ont qqch de commun: structure phonique, forme grammaticale, sens, fonctions. P. ex., porter - porteur - apporter constituent un groupe paradigmatique étant réunis par l'idée de porter; porter - courir - parler - ces verbes sont réunis par l'idée de l'action; -ent, -ons, -ez forment un paradigme parce qu'ils relèvent de la même catégorie grammaticale - la personne; il porte, la porte, morte sont associes par un aspect phonique. Le choix d'un élément sur le plan paradigmatique dépend de sa fonction, d'un sens précis d'un groupe d'éléments qui appartiennent à la même classe paradigmatique. Les liens paradigmatiques reflètent les rapports entre les signes linguistiques et les facteurs non-linguistiques (notion, objet, phénomènes). Ils sont moins formels et plus sémantiques que les rapports syntagmatiques qui font dépendre le choix. L'emploi d'un élément de la langue est déterminé par l'intersection de 2 axes (пересечение 2 осей): l'axe syntagmatique et l'axe paradigmatique. P. ex., parl-e, fin-ir, dire, écrire - 2 éléments grammaticaux. Pour obtenir une forme verbale on opère une sélection sur le plan paradigmatique en choisissant un élément nécessaire d'après le sens. P. ex., parler + je (1 personne du singulier); finir + vous). En même temps il faut aussi procéder à une sélection sur le plan syntagmatique, parce que chaque signification est représentée par une série de formes qui ne diffèrent que par leur possibilité combinatoire.

 

12) le problème des limites du mot en français en tant que langue analytique.

Le problème des limites du mot consiste à savoir combien on compte de mots dans une suite syntagmatique. Faut-il voir 1, 2, 3 mots dans "il parle", "je le vois", "il est venu", "à l'école". Pour trouver les limites objectives du mot, on utilise les critères suivants:

1) critère grammatical (la structure) - le mot est considéré comme un tout du point de vue de sa structure. Cela signifie que:

A) le mot est indécomposable, ses parties ne peuvent pas être séparées, aucun élément étranger ne peut se mettre entre elles. P. ex.: un timbre poste français (non timbre français poste - impossible). Il parle, un ami - ne constitue pas un seul mot, il est possible de dire "il ne parle pas", "un ancien ami". Cependant des formes analytiques nombreuses en français sont constituées d'éléments séparables. P. ex.: "il n'a pas encore tout fait" où "a fait" est interprété comme un seul mot et non comme la combinaison de 2 mots.

B) les éléments constituants le mot ne sont pas permutable - ne peuvent pas changer de place. P. ex., "il dit" représente 2 mots, car on peut invertir l'ordre des éléments "dit-il". Cependant certaines formes analytiques admettent cette inversion d'éléments. P. ex., en russe la forme analytique du futur reste entière malgré l'inversion - "буду читать" и "читать буду" sont 2 variantes d'un seul mot.

C) l'indice grammatical se rapporte au mot en entier et non à une de ses parties. P. ex.: la marque du pluriel dans "gendarmes", "porte-plumes" (-es) s'ajoute selon la règle à la fin et concerne tout le mot, mais de nombreuses exceptions affaiblissent ce critère: "des bons-hommes", "des choux-fleurs", "des timbres-poste", "des arcs-en-ciel" - où la marque du pluriel affecte les deux parties du mot ou seulement la 1-ère partie.

D) On estime que le mot équivaut à l'expression d'une notion. Cependant, il existe des combinaisons de mots exprimant une seul notion (arc-en-ciel, timbre-poste).

2) au niveau de la parole en français les mots significatifs ne peuvent dénommer un objet de la réalité sans être accompagné de particule. P. ex., à la question "Qui vois-tu? - Un ami.", "Où-va-t-il? - À l'école. Qui fait Pierre? Il marche.) On ne peut donc désigner un phénomène de la réalité sans recourir à des éléments tels que "un", "à la", "il"... Faut-il en déduire que les combinaisons en question sont des mots entiers?

3) critère phonique - dans chaque langue il y a des signaux phonétiques annonçants le début ou la fin du mot. En français c'est l'accent tonique qui frappe la dernière syllabe du mot. Mais dans un groupe rythmique le mot perd son accent qui vient frapper la fin du groupe. P. ex.: venez-v i te, je ne le v oi s pas! Ces combinaisons d'éléments représentent un ensemble phonique et non pas un seul mot grammatical. En conclusion, tous les critères pris isolément, connaissent de nombreux écarts qui sont particulièrement caractéristique pour le mot français. En français le mot a des limites beaucoup moins nettes que dans d'autres langues.

 

Les fonctions du genre

1) la catégorie du genre est significative seulement dans les substantifs animés où elle reflète le genre réel, naturel. Dans les substantifs inanimés la forme du genre n'est que la forme pure.

2) la fonction de neutralisation; pour les substantifs animés, pour les noms d'êtres humaines la forme non-marquée sémantiquement est celle du masculin. La neutralisation affecte souvent les noms de professions, d'habitants. Pour les noms d'animaux il y a 4 possibilités:1) la forme neutralisée ou générique est différente des dénominations du masculin et du féminin (un bélier, une brebis - un mouton);

2) le masculin est non-marqué (un canard - une cane).

3) le féminin est non-marqué (une oie - un jars).

4) le féminin et le masculin ne se distinguent pas (une hirondelle, un serpent).

Dans tout les cas de neutralisation la catégorie du genre est non-significative.

Transposition sémantique - l'emploi d'un genre au lieu d'un autre n'est pas fréquent. Pourtant, il caractérise les termes affectueux, p. ex., mon chat, mon petit appliqués à une femme. Beaucoup de noms d'êtres animés n'ont qu'une forme de genre (professeur, ministre, bête). On y ajoute les mots féminins désignants des occupations exercés par les hommes (sentinelle, ordonnance). L'emploi d'une forme unique est un emploi non-significatif et l'emploi généralisé d'une de 2 formes est un emploi neutralisé.Dans certains cas les formes du masculin et du féminin désignant des êtres ont pris des nuances sémantiques différentes et ne sont plus considérés comme les formes d'un seul mot, mais comme des mots distincts (p. ex., "compagne" était autrefois féminin de "compagnon", mais actuellement ce sont des mots différents). La séparation sémantique de 2 formes constitue le processus de lexicalisation.

La forme du genre permet de distinguer le sens du substantif. Les noms d'arbres sont toujours masculins, p. ex., pommier, bouleau. Le genre distingue 2 homonymes inanimés (le/la livre, somme). Le genre distingue le substantif inanimé/animé (le/la mousse, un/une trompette). Dans les terminologies techniques les formes du genre sont exploitées pour designer un ouvrier et un mécanisme (planteur - planteuse, friseur - friseuse). Dans tous les cas la distinction du genre n'est pas grammaticale, mais lexicale, car elle est accompagnée de changements de sens.

 

23) les catégories grammaticales du nom: les moyens de leur expression.

24, 25 + Les moyens d'expression du genre:

On distingue la forme orale et écrite de la langue. Jean Dubois souligne que la quantité des marques du genre est plus réduite dans le code orale que dans le code écrit (p. ex., "cette employée est partie" on trouve 3 marques de féminin dans l'orthographe, mais aucune dans la prononciation). Les moyens d'expression du genre de substantifs et de l'adjectif varient beaucoup en passant du code écrit au code oral.

Dans le code écrit on trouve les procédés suivants: l'agglutination (petit - petite), la flexion ou l'alternance (acteur - actrice, poète -poétesse), les procédés analytiques avec l'emploi de mots-outils (un/une élève), la supplétion (taureau - vache).

Dans le code oral les mêmes procédés se répartissent autrement (ami - amie, brun -brune) se présentant comme agglutination dans le code écrit, doivent être interprétés comme un procédé analytique (ami - amie) ou alternance (brun - brune) dans le code oral.

Les moyens de transposition du nom:

1) la dérivation. Les suffixes les plus répandus sont: -tion (formation), -ssion (discussion); -age (atterrissage); -ment (changement); -ure (coupure);

2) la conversion (le cri - il crie, arrivé - l'arrivée, bien - le bien);

3) la supplétion (tomber - chute)

4) l'emploi des mots-outils (les pour, les contre, les mais, les si)

5) l'emploi des mots déssémantisés (caractère abstrait, находчивость esprit d'apropos).

6) l'environnent

 

24) la catégorie du nombre.

La catégorie du nombre est plus sémantique que la catégorie du genre, car elle reflète la différence réelle entre l'unité et la pluralité.

Les formes d'expression grammaticale dans le code écrit sont:

1) l'agglutination (jeu - des jeux (+x); serf - des serfs (+s));

2) la flexion intérieure (travail - travaux);

3) l'emploi des mots-outils (la voix - les voix);

4) la supplétion (oeil - yeux).

Dans le code oral on exprime le nombre à l'aide des mots-outils et parfois par les aide de liaisons que le grammairien Damourette Epichon considèrent comme un suffixe. Jean Dubois dans sa grammaire structurale écrit que la quantité des marques de nombre dans le code oral est plus réduite que dans le code écrit (p. ex., leur s fille s parl ent - on a aucune marque du pluriel dans le code oral contre 3 signes du pluriel dans le code écrit.

Les fonctions. La catégorie du nombre est significative dans les substantifs numériques où les formes du singulier et du pluriel reflètent les différences réelles de quantité (une table - des tables). Dans les substantifs anumériques la forme du nombre est non-significative (le soleil, la vérité). Le singulier souligne l'absence de l'opposition singulier - pluriel.

La fonction de neutralisation: on fait l'abstraction de la quantité. On emploie de préférence la forme du singulier qui est non-marquée (p. ex., l'homme est mortel - ce fait concerne tous les hommes). Pour les noms anumériques on trouve souvent la forme du singulier, forme non-marquée, dans la fonction de neutralisation, p. ex., le déjeuner. La forme non-marquée du pluriel est propre à quelques pluralia tantum (fiançailles). Les formes du nombre permettent de distinguer le sens du mot, p. ex., un ciseau - des ciseaux, une lunette - des lunettes. Il s'agit ici de la lexicalisation du pluriel. La lexicalisation du pluriel peut être accompagnée de différentes formes (p. ex., ciel - ciels (climat) - cieux (poétique)).

La transposition sémantique se fait joue quand:

1) le pluriel de noms nombrables a la valeur des noms collectifs (un meuble - des meubles en sens обстановка, мебель);

2) le mot ne change pas de sens, mais acquiert une nuance stylistique (p. ex., la bière comme boisson, mais deux bières - deux portions)

3) les noms propres, abstraits, non-nombrables ne se mettent pas d'habitude au pluriel, s'ils sont employés au pluriel, ils subissent une modification de sens, c'est la pluralisation, elle peut revêtir plusieurs formes, elle est plus répandue en français qu'en russe. Elle exprime la discontinuité dans l'espace (p. ex., la neige - les neiges, une flamme - des flammes); la discontinuité dans le temps (un rire - des rires, un rire qui suit l'autre). Le pluriel souligne le volume ou l'intensité de l'objet, c'est le pluriel augmentatif (p. ex., il y a des éternités que je ne vous ai pas vu).

Les noms propres peuvent recevoir la forme du pluriel à condition de subir une modification de sens (p. ex., les napoléons - des hommes pareils à Napoléon, une métaphore).

 

25) la catégorie du genre.

Cette catégorie grammaticale est très ancienne, elle remonte même au latin. L'appartenance à tel ou tel genre s'exprime souvent de l'origine du mot et en dépend, p. ex., la pluie est du féminin, car il provient de substantif latin "pluria" (f) ou le vent est le masculin car il provient du "ventus" (m). Mais pas tous les substantifs ont gardé leur genre original. Dans le latin il y avait le masculin, le féminin et le neutre. Dans le latin vulgaire il y avait 2 genres. Les substantifs du genre neutre ont passé dans le masculin, quelques substantifs ont passé dans le féminin. Surtout ceux qui avaient un sens collectif et se terminaient en "a" au pluriel, p. ex., pommum, singulier - pomma, pluriel est revenu du féminin (pomme). Quelques substantifs se sont vus de 2 genres en français et ont 2 significations différentes (p. ex., filum -> la file, le fil). Certains substantifs au cours du développement de la langue changeaient parfois leur genre. P. ex., fureur, grandeur étaient du m, dans l'ancien français ils deviennent du f. Le substantif amour était dans le latin du f, maintenant il est du m, mais au pluriel précédé de l'adjectif il est f (de folles amours). Le genre des vocables "après-midi", "auto", "palabre" ne s'est pas précisé jusqu'à nos jours, il est instable.

Remarque. On dit souvent que le genre en français ne s'exprime pas morphologiquement par la forme du mot et que seul le sens ou l'environnement sont susceptibles de déterminer le genre du mot d'où le rôle particulier de l'article dans l'expression du genre en français. Il est vrai que le français n'a pas de flexions spécifiques du genre pareils à "a/я" (féminin en russe), ou "ое" pour le neutre en russe. Cependant, des recherches récentes ont montré que la forme phonique du substantif en français n'est pas indifférente au genre. 70,49 % des noms se terminants par "on" sont du féminin. La probabilité augmente, alors que à la mesure que la terminaison prend du volume. La proportion des féminins s'élève à 91,5 % pour les noms se terminants en "йон" (collection). Les testes psycho-linguistiques ont prouvés que les francophones sont sensibles aux terminaisons orales pour la détermination du genre grammaticale. On dit souvent que si dans le code écrit le féminin dérive du masculin (on ajoute un "e" ou une autre désignance) dans le français oral le masculin dérive du féminin par la supplétion de la consonne finale. On dégage 10 consonnes susceptibles de marquer le féminin des substantifs et des adjectifs: t (petit-petite), d (grand - grande), s (bas - basse), z (époux - épouse), ch (blanc - blanche), g (long - longue), l (soûl - soûle), j (gentil - gentille), v (loup - louve). À la différence de l'adjonction de "e" dans le code écrit, l'adjonction des consonnes dans le code oral n'a pas un caractère régulier. Les 10 consonnes mentionnées ne sont pas réparties de façon égale (v, l, j (ille) s'ajoutent à un seul mot chacune et t, s, z forment le féminin de grandes séries de mots). Tous ceci permet de conclure qu'en français oral de nombreux termes ont 2 formes: formes tronquée à la finale vocalique employée au masculin, p. ex., loup, soûl, gentil et les formes élargies à la finale consonantique servant à produire le féminin. On peut dire que ni le féminin ne dérivait le masculin, ni le masculin de féminin, mais le masculin et le féminin procèdent de 2 formes se distinguant par les alternances zéro - consonne.

Remarque. Pour exprimer le genre, la langue recourt également à des moyens lexicaux à l'aide des mots tels que femme, dame, madame. L'article s'accorde avec le substantif qu'il précède. P. ex., madame le ministre, mais une femme-peintre, un professeur-dame. Jean Dubois écrit que dans le code oral le nombre neutralise le genre, le même phénomène est propre à des nombreux substantifs russes, p. ex., рыбак - рыбаки, яблоко - яблоки.

Les fonctions du genre

1) la catégorie du genre est significative seulement dans les substantifs animés où elle reflète le genre réel, naturel. Dans les substantifs inanimés la forme du genre n'est que la forme pure.

2) la fonction de neutralisation; pour les substantifs animés, pour les noms d'êtres humaines la forme non-marquée sémantiquement est celle du masculin. La neutralisation affecte souvent les noms de professions, d'habitants. Pour les noms d'animaux il y a 4 possibilités:1) la forme neutralisée ou générique est différente des dénominations du masculin et du féminin (un bélier, une brebis - un mouton);

2) le masculin est non-marqué (un canard - une cane).

3) le féminin est non-marqué (une oie - un jars).

4) le féminin et le masculin ne se distinguent pas (une hirondelle, un serpent).

Dans tout les cas de neutralisation la catégorie du genre est non-significative.

Transposition sémantique - l'emploi d'un genre au lieu d'un autre n'est pas fréquent. Pourtant, il caractérise les termes affectueux, p. ex., mon chat, mon petit appliqués à une femme. Beaucoup de noms d'êtres animés n'ont qu'une forme de genre (professeur, ministre, bête). On y ajoute les mots féminins désignants des occupations exercés par les hommes (sentinelle, ordonnance). L'emploi d'une forme unique est un emploi non-significatif et l'emploi généralisé d'une de 2 formes est un emploi neutralisé.Dans certains cas les formes du masculin et du féminin désignant des êtres ont pris des nuances sémantiques différentes et ne sont plus considérés comme les formes d'un seul mot, mais comme des mots distincts (p. ex., "compagne" était autrefois féminin de "compagnon", mais actuellement ce sont des mots différents). La séparation sémantique de 2 formes constitue le processus de lexicalisation.

La forme du genre permet de distinguer le sens du substantif. Les noms d'arbres sont toujours masculins, p. ex., pommier, bouleau. Le genre distingue 2 homonymes inanimés (le/la livre, somme). Le genre distingue le substantif inanimé/animé (le/la mousse, un/une trompette). Dans les terminologies techniques les formes du genre sont exploitées pour designer un ouvrier et un mécanisme (planteur - planteuse, friseur - friseuse). Dans tous les cas la distinction du genre n'est pas grammaticale, mais lexicale, car elle est accompagnée de changements de sens.

 

Les fonctions syntaxiques.

1) la fonction primaire de l'adjectif est d 'épithète. C'est une caractéristique non-prédicative, l'adjectif dans cette fonction voisine immédiatement avec le substantif sans verbe-copule (p. ex., du papier blanc, une grande maison).

2) elle peut être attribut, c'est une caractéristique prédicative. Pour remplir cette fonction l'adjectif a besoin d'un verbe-copule qui sert de verbalisateur (p. ex., le papier est blanc).

3) la fonction d 'épithète détachée (en apposition). L'adjectif prend ici une valeur semi-prédicative, il est égal à un adverbe ou à une proposition circonstanciel (de cause, de temps, p. ex., le paysan répondit calme et têtu - calmement avec un têtement; les enfants dormaient tranquille (tranquillement)).

L'adjectif se rapproche souvent de l'adverbe. Les limites entre les adjectifs et les adverbes étaient toujours assez franches. La même forme s'emploie tantôt comme l'adjectif, tantôt comme adverbe. Il nous reste encore beaucoup de vestiges dans la langue (s'arrêter/refuser nette, crier/parler fort - dans ces locutions figées les adjectifs sont employés comme les adverbes). En position post-verbale en absence de l'accord l'adjectif se transforme facilement en adverbe (p. ex., elle parle bas, il travaille dur). La construction est très répandue en français moderne (voter blanc, parler français). Les écrivains contemporains forment d'autres locutions (parler laid). À l'exception des cas où l'adjectif est devenu vraiment une adverbe (haut, bas, fort), il faut y voir plutôt un emploi adverbial de l'adjectif limité à un groupe de verbe ou à une locution phraséologique.

 

32) les catégories grammaticales de l'adjectif. Les moyens de leur expression.

Le genre est généralement asémantique, non-significatif. À titre d'exception il remplit une fonction sémantique quand il marque le genre des personnes dans les emplois suivants:

1) avec des pronoms qui ne distinguent pas du genre (on est belle aujourd'hui; cela vous rend malheureuse).

2) avec des formes verbales (pour être belle, il faut souffrir; soyez sérieuse).

3) avec des substantifs épicènes de 2 genres (notre nouvelle élève).

Remarque. Le français possède des traits particuliers quant à l'expression du genre des adjectifs. En russe tous les adjectifs prennent régulièrement les formes des 3 genres qui se distinguent par la désignance ce qui est reflétée par l'accord avec le substantif. En français l'accord existe, mais la plupart des adjectifs reste invariable surtout dans la prononciation. Le féminin en français se forme par plusieurs moyens - à l'aide des alternances (beau-belle). Avant le 16 siècle quand la flexion "e" se prononçait, c'était la flexion du féminin, après la 16 siècle ce n'est qu'un signe graphique. Par rapport à la catégorie du genre tous les adjectifs se divisent en quelques sous-groupes:

1) uniformes qui ne distinguent pas le genre (triste, rouge);

2) bi-formes (grand - grande, petit - petite);

3) certains adjectifs ont encore une 3-ème forme qui apparaît au masculin sporadiquement dans le code oral à la liaison ou devant une voyelle dans le code écrit (fou-folle). La langue écrite distingue mieux le genre que la langue parlée. Les adjectifs bi-formes en langue écrite sont uniformes en langue orale (final - finale). La langue parlée est familière, possède beaucoup d'adjectifs qui ne connaissent pas de variations de genre et ce sont souvent des créations nouvelles (snob, record). On en déduit que le français parlé d'aujourd'hui se caractérise par la disparition progressive des formes du genre de l'adjectif. On en forme aussi beaucoup d'adjectif nouveaux à l'aide des suffixes (-iste, -able, -ible, -aire) qui ne distinguent non plus le genre. La catégorie grammaticale du genre des adjectifs n'est pas une catégorie vivante.

Le nombre est une catégorie non-significative sauf des adjectifs en -al/-aux (normal - normaux). L'expression du nombre n'est pas lié à l'expression du genre. Cependant dans le système des adjectifs français le nombre joue un rôle plus important que le genre. Si l'adjectif possède la forme du féminin, il a celle du pluriel. Pourtant il existe des adjectifs qui ne changent pas en genre tout en se modifiant en nombre (p. ex., des robes chics). La catégorie du nombre est d'habitude exprimée dans l'orthographe, mais pas toujours (des gants bleu - frais chemise). L'adjectif reste parfois invariable s'il s'emploie dans la fonction qui ne lui sont pas propre.

Les degrès de comparaison.
Toute caractéristique des adjectifs qualitatives peut être mesurée en quantité. Si cette caractéristique est évalué en elle-meme, on parle des degrés d'intensité de l'adjectif (il est un peu/très/trop paresseux). Si cette caractéristique est évaluée par comparaison avec d'autres éléments, il s'agit des degrés de comparaison (il est plus paresseux que ses amis).

Les degrés de comparaison et d'intensité ne s'appliquent pas aux adjectifs de relation. Parmi les adjectifs qualitatifs il y en a ceux qui n'en possèdent pas non plus car leur sémantique s'y oppose (on ne dirait pas "plus immortel", unique, éternelle).

De ces 2 catégories de comparaison et d'intensité seul le degré de comparaison est considéré par la grammaire traditionnelle comme une catégorie grammaticale de l'adjectif. Ces derniers temps on a tendance à les mettre ensemble. Pourtant il y a une différence de sens entre les 2 catégories qui est doublée par la différence des formes. Seule la comparaison est exprimée grammaticalement à l'aide des éléments non-autonomes (plus, moins, aussi) qui peuvent être considérés comme les mots-auxiliaires ou morphèmes. Par contre, l'intensité est exprimée lexicalement à l'aide de différents moyens lexicaux (suffixes, préfixes, adverbes). P. ex.: extrafin, ultramoderne, richissime. Ainsi l'intensité n'est pas une catégorie morphologique grammaticale, mais une catégorie lexicale. Les moyens lexicaux exprimants l'intensité ne sont pas limitées et les moyens grammaticaux sont toujours limités. On n'en forme plus de nouveaux.

Les degrés de comparaison a 3 aspects sémantiques: 1) égalité 2) infériorité 3) supériorité et 3 sous-catégories: 1) le positif 2) le comparatif 3) le superlatif.

Le degrés positif est une forme non-marquée et se caractérise par morphème zéro.

Le comparatif ou le superlatif sont exprimés analytiquement à l'aide de morphèmes "plus (supériorité), moins (infériorité), aussi (égalité), le plus, le moins". Seul le comparatif des adjectifs "bon, mauvais, petit" peut avoir des formes synthétiques - meilleur, pire, moindre.

Le complément du comparatif est introduit par la conjonction "que", p. ex., "la voiture est plus rapide que le train", mais ce complément du comparatif suggéré par le contexte peut être omis, p. ex., je voudrais une autre voiture, plus rapide que la mienne. Le superlatif n'existait pas en ancien français, aujourd'hui cette construction est très variée.

 

33) la place de l'adjectif.

Il n'y a pas de place stricte pour les adjectifs. En poésie surtout règne la plus grande liberté. D'habitude il se place après le nom. La place de l'adjectif est un des problèmes les plus débattus en linguistique française. Historiquement l'antéposition de l'adjectif a cédé le pas à la post-position. De nos jours la situation est bien compliquée. Certains adjectifs se trouvent exclusivement ou de préférence en antéposition, d'autres en postposition. Ils peuvent occuper 2 places en subissant des modifications d'ordre sémantique. La grammaire théorique cherche à savoir si la position de l'adjectif est liée à quelques différences systématiques de sens ou de fonctions, en constituant ainsi une catégorie grammaticale et quel est le sens de cette catégorie. Le français a instauré partout l'ordre progressif et linéaire. Tous les adjectifs, surtout polysyllabes marquant la forme, la couleur, la nation se placent après le substantif. Les adjectifs de relation se placent seulement après les substantifs. Les adjectifs qualitatifs d'après leur place se divisent en 3 groupes:

1) ceux qui suivent le nom

2) ceux qui précèdent le nom

3) dont le sens change suivant la place

Souvent la place de l'adjectif est déterminée par l'harmonie de la phrase. Il est toujours permis de mettre l'adjectif à place où il parait le plus expressif. Placé avant le nom, l'adjectif a une valeur plus sentimentale, appréciative; et après le nom a une valeur plus objective (un enfant pauvre, un pauvre enfant). L'adjectif post-posé conserve sa signification propre et indépendante, alors que l'antéposé reçoit une signification figurée (des chevaux noir - de noirs dessins). D'autre part, le changement de place n'implique pas toujours d'une perte d'indépendance sémantique, ni une modification de sens, p. ex., des mesures importantes - importantes mesures.

 

34) les sous-classes des adjectifs, leur caractéristique.

On distingue 2 grands groupes: les adjectifs qualitatifs (quantitatifs/qualificatifs) et les adjectifs de relation. Remarque. Parfois on fait entrer des déterminatifs dans la classe des adjectifs et on en fait un groupe isolé: les adjectifs pronominaux. Certains auteurs distinguent les adjectifs numéraux et on en fait un groupe apart. Ainsi le nombre des sous-classes des adjectifs varie de 2 à 4. L'adjectif est une partie du discours relativement jeune dont le volume a considérablement changé au cours de l'évolution de la langue. Si l'on compare le français moderne et ancien, on voit que la classe d'adjectifs s'enrichissait surtout par des formes verbales, participes, notamment participe présent. Lucien Foulet dans "la petite syntaxe de l'ancien français" ou Шишмарев В. Ф. dans "la morphologie historique du français" analysent ensemble l'adjectif et le participe. Dans le vieux français beaucoup de participes présent s'accordaient en genre et en nombre avec les substantifs, mais ce n'était pas la norme et le nombre de participes restait invariable. Plus tard le participe a passé dans la classe des verbes. Le volume des adjectifs ne diminue pas, cependant et vers 17 siècle il s'enrichissait par les adjectifs numéraux et pronominaux. En outre certains linguistes placent aussi l'article parmi les adjectifs (Grand Larousse du XX siècle) comme un espèce particulier des adjectifs. L'inclusion des articles dans les adjectifs est exceptionnelle, mais elle existe.

Il y avait une tendance d'examiner ensemble 2 groupes.

Epichon divisent les adjectifs en 2 grands groups:
1) qualifiques (les adjectifs proprement dits et de relation);

2) non-qualifiques - numéraux, pronominaux (démonstratifs, possessifs, indéfinis, interrogatifs).

Les adjectifs qualitatifs marquent les qualités des objets, des choses à un degré plus ou moins élevé et les choses peuvent être caractérisées par leur forme (rond, long), leur grandeur (petit, énorme), leur couleur (rouge). Les noms d'actions reçoivent des caractéristiques reflétant les particularités du processus (une marche rapide).

Les adjectifs de relation reflètent divers rapports de la substance avec d'autres substances (actions). Ils désignent: l'ordre; les rapports spatiaux/temporels de l'objet (p. ex., antérieur); l'appartenance, l'origine, la nationalité (français, patronal) ou encore quand une action peut être caractérisée par rapport à son sujet (l'arrivée présidentielle), par rapport à son objet (la participation gouvernementale), par rapport au lieu (un voyage africain). Il y a une différence capitale morphologique et syntaxique entre ces 2 groupes:

1) les adjectifs qualitatifs constituent le noyau de la partie du discours. Les adjectifs de relation y occupent une place périphérique. Les premiers sont généralement simples (blanc, léger, rond). Les derniers sont souvent dérivés des substantifs (métallique, gouvernemental), des verbes (indicatif). Ce sont les produits de transposition d'autres parties du discours dans la classe des adjectif.

2) les adjectifs de relation ne possèdent pas la catégorie du degré de comparaison ni d'intensité.

3) les adjectifs de relation ont quelques particularités syntaxiques. Ils ne peuvent pas exprimer les fonctions qui sont propres aux adjectifs qualificatifs (ni attribut, ni épithète détachée).

Ils s'exercent unique fonction - d'épithète (p. ex., on ne dit pas "cette boîte est métallique", mais "c'est une boîte en métal").

4) les adjectifs de relation suivent toujours de substantif. Ils ne peuvent pas être caractérisé par un adverbe (l'emploi avec adverbe est exceptionnel).

5) les adjectifs qualificatifs jouent un rôle considérable dans l'enrichissement de vocabulaire français. Ils sont liés à d'autres parties du discours: par la dérivation suffixale (blanc - blanchir - blancheur) à des verbes (fonctionner - fonction), des noms, à des adverbes (lent - lentement), à d'autres adjectifs (vert - verdâtre). La formation à partir des adjectifs de relation est restreinte. Il y a aussi une différence de moyens de formation. Les adjectifs qualificatifs possèdent leurs propres suffixes (-eur, -ard). Les adjectifs de relation les ont aussi (-able, -ible, -iste, -ique), quelques préfixes spécifiques (pré-, inter-, sou-). Le groupe d'adjectifs de relation comprend aussi certains adjectifs d'origine latine ou grec (domestique, oculaire) ou des formations livresques (paternel). Pour les adjectifs de relation parfois il est difficile de comprendre le sens (octogénaire). Les 2 groupes n'ont pourtant pas des limites bien nettes. On peut les former à partir des différentes significations d'un même substantif (économique - экономический, экономичный). Les adjectifs de relation deviennent facilement qualificatifs. Par la même occasion, ils subissent parfois l'extension du sens. Elle est française. Même sa voix est française (qualificatif).

Il y a une différence considérable entre les adjectifs français et russes. Le français ne possède pas de formes longues et courtes, en français il n'y a presque pas de différence de formes entre les adjectifs qualificatifs et de relation (textile - gentil), en russe on peut former des adjectifs de relation de n'importe quel nom (сегодня, сегодняшний). En français ce sont pour la plupart des cas des adjectifs qualificatifs (pierre - pierreux - de pierre).

 

35) l'adjectivation et la desadjectivation.

On distingue 2 degrés de transposition adjectivale:

les niveaux et les aspects de la langue.

4) les unités linguistiques, leurs caractéristiques

Depuis Ferdinand de Saussure on distingue 3 notions différentes:

1) le langage (речевая деятельность) − c'est la faculté humaine où l'activité qui consiste à produire et à interpréter les signes linguistiques. Ce terme recouvre la langue et la parole qui en sont ses manifestations.

2) la langue (язык) représente l'ensemble des moyens linguistiques (mot, morphème, proposition) qui se trouvent à la disposition des locuteurs.

3) la parole (discours/речь) est la réalisation de ces possibilités lors de la formation de l'énoncée. C'est dans l'acte de parole que le locuteur met en oeuvre les mécanismes de langage qu'il possède.

Il existe 2 aspects de l'organisation de la langue − le système et la srtucture. Bien que ces 2 notions ne sont pas toujours nettement définies en linguistique, on peut interpréter souvent le système en tant que l'unité d'éléments homogènes du même plan liés entre eux et se déterminant mutuellement.

La structure est l'ensemble d'éléments hétérogènes formants un tout ou des relations qui unissent des éléments en système.

L'organisation de la langue se présente comme une structure, un ensemble d'éléments d'unités qui sont liés entre eux et qui forment la structure d'unités présentent l'organisation des niveau qui se superposent (иерархия). Chaque niveau se caractérise à son tour par son système d'éléments appropriés. La combinaison des unités de niveau inférieur (низшие) constitue une unité de niveau supérieur. La moindre unité du niveau syntaxique est l'énoncé (phrase). Les phrases se subdivisent en mots qui sont déjà considérés comme moindres unités du niveau lexical.

Les mots sont faits de morphèmes, unités significatives minimales. Le niveau morphologique. Chaque morphème a un sens (p. ex., parl-ait, lente-ment). On peut dire ce que signifie la racine "parl", désinence –ait.

Les morphèmes sont de 3 types différentes:

1) lexicaux qui peuvent exprimer un sens d'un façon autonome (parl-, lent- = racines)

2) dérivationelles qui sert à former d'autres unités lexicales (-ment)

3) grammaticaux qui s'ajoutent aux mots quand ils entrent dans la phrase, sans en modifier le sens (-ait, parlait).

Les morphèmes se constituent des phonèmes, unités non-significatives, mais constitutives et distinctives, privés de leurs sens propre. Ils forment en développement matériel et le distinguent des autres morphèmes (mots) (p. ex., élément "il" comprend 2 éléments i+l, développement matériel de ce mot; phonème [i] le distingue des unités elle, ale, ole et [l] le distingue de if, iv, is).

 

6) les langues analytiques et synthétiques, leurs caractéristiques

D'après le structure toutes les langues se subdivisent en analytiques et synthétiques. Dans les langues synthétiques les catégories grammaticales du mot sont exprimées au sein même du mot par sa forme. Dans les langues analytiques les catégories grammaticales, les liens grammaticaux ne sont pas exprimés par les flexions, par la forme du mot, mais en dehors du mot, par son entourage, par des mots spéciaux appelés mots-outils. Cependant il n'y a pas de langues purement analytiques et synthétiques. Dans chaque langue indo-européenne il y a des éléments de 2 tendances, voilà pourquoi il faut plutôt parler qu'une langue a une tendance analytique ou synthétique. Le français est par excellence une langue à tendance analytique et le russe - synthétique, mais au sein de chacune de ces langues il y a des éléments d'une autre tendance. P. ex.: пишу пером (synthétique) - les liens grammaticaux sont exprimés par désinences; mais à côté on peut trouver "я писал, ты писал, он писал" (la catégorie du forme est exprimée analytiquement), en dehors du mot - la personne dépend seulement du pronom. J'écris avec une plume - les éléments analytiques, les mots-outils «avec, une, je», mais toujours à côté il y a une terminaison synthétique "s".

 

7) la caractéristique du système grammatical du français en tant que langue analytique.

En français les catégories grammaticales sont d'habitude exprimés par les moyens analytiques, c'est-à-dire par toutes sortes d'actualisateurs: par l'accord de la forme de substantif avec l'adjectif, l'accord du prédicat avec le sujet, les catégories de nombre, de genre, de temps, de personne trouvent leurs expression analytique. P. ex., la table - le sable. Mais au sein des formes analytiques se trouvent aussi des moyens d'expression synthétique:

1) le genre des substantifs est exprimé par toutes sortes de suffixes (-ment, -age, -tion) de même que par des alternances (trice-teur, eur-euse, on-onne).

2) la catégorie du nombre est exprimée par des moyens analytiques, surtout dans le code parlé (Quelques camarades sont venus), mais il y a des exceptions (travail - travaux, canal-canaux).

3) l'accord avec le prédicat dans le code oral. Il y a quelques substantifs qui changent leur forme au pluriel et leur prononciation (un oeil - des yeux, un os - des os, un boeuf - des boeuf). Ce sont les restes de l'ancienne prononciation, car jusqu'au 16 siècle les consonnes finales sont prononcées toujours. La grammaire historique qui étudie la langue dans son développement durant des siècles suit l'évolution des faits grammaticaux et explique comment et pourquoi ces évolutions ont abouti à l'état actuel et elle nous explique la nature des exceptions. Ces exceptions ce sont les restes des règles anciennes (al-aux, selon la loi de vocalisation, la consonne "e" mouillé se transformait en une voyelle devant un -s: p. ex., canal -> canals -> canaus -> canaux). Cette loi de vocalisation n'est pas permanente (jusqu'au 16 siècle).

Pour le verbe, les catégories grammaticales du verbe sont exprimées analytiquement, mais à côté il y a toujours des éléments synthétiques, surtout dans l'expression de la catégorie du temps. Ainsi le français en tant que langue analytique se caractérise par:

1) l'affaiblissement de la flexion, dont le rôle était prépondérant au latin;

2) la prédominance des moyens dit analytiques dans l'expression des valeurs grammaticales. Les catégories grammaticales sont exprimées par des mots-outils. Selon Charles Bally ces mots-outils sont les mots-actualisateurs, car ils servent à actualiser le nom dans la phrase, à exprimer les catégories grammaticales du verbe. Parmi les mots-outils ou les actualisateurs il y a toutes sortes d'articles, de pronoms, de particules;

3) l'ordre des mots. Comme dans une langue analytique, les liens grammaticaux, les rapports des mots dans la phrase ne sont pas exprimés par la forme du mot. On distingue le sujet et l'objet de la proposition en se basant sur une forme du mot et sur l'ordre des mots. P. ex., le vieillard regarde l'enfant. L'enfant regarde le vieillard.

En russe, langue synthétique, l'ordre des mots est plus libre. Mais comme cette notion analytique et synthétiqueest assez relative, même en russe, l'ordre des mots nous permet de distinguer parfois le nominativus et accusativus quand ils coïncident. P. ex.: Мать любит дочь, дочь любит мать.

Dans le français l'ordre des mots est toujours direct, dans les phrases affirmatives à la 1-ère place se trouve le sujet, le prédicat suit le sujet, le déterminé précède le déterminant, le COD suit le prédicat, le complément attributif se trouve après le mot qu'il détermine. Charles Bally dans "Linguistique Générale, linguistique française" appelle cet ordre progressif, car l'action passe progressivement sur l'objet.

 

8) la conception de l'analytisme de Charles Bally.

Les termes synthétisme et analytisme peuvent être compris différemment. Charles Bally développe une conception originale de synthétisme et de l'analytisme qui part des rapports entre un signifiant et un signifié. La forme idéal de ces rapports est celle des rapports biunivoques où un signifiant correspond toujours à un seul signifié et un signifié est toujours exprimé par un seul signifiant. L'analytisme selon Bally est l'approximation maximale de ce signe idéal. La synthèse est d'après lui le résultat de l'asymétrie du signe qui vient rompre ce parallélisme entre la forme et le contenu. Bally signale quelques manifestations de cette asymétrie:

1) le signe fractionné - c'est-à-dire la distribution d'un signifié entre plusieurs signifiants (p. ex., «tout à fait» - complétement).

2) le cumule - un signifiant réuni plusieurs signifiés. P. ex., la forme "va" exprime à la fois 4 notions: aller, l'impératif, 2-ème personne et le singulier).

3) le pléonasme grammatical qui consiste à exprimer la même notion plusieurs fois dans la même syntagme. P. ex., une ravissante petite chatte blonde (le féminin dans ce syntagme figure 5 fois).

4) le signe zéro - l'absence d'un signifiant. P. ex., le mot "la marche" à côté du substantif "lavage" (l'idée du substantif est exprimée par un suffixe spécial -age, marche - signe zéro).

5) la disjonction - 2 ou plusieurs signes réunis par le sens se trouvent séparés. P. ex.: Ne parle pas (négation). J' ai beaucoup souffert - ai et souffert, p. composé).

6) la polysémie qui comprend l'omonymie quand un signifiant correspond à 2 ou 3 signifiés. P. ex., la flexion "e" dans "je parle"/"il parle" exprime la 1 et la 3 personne du singulier.

7) la suppléssion quand un signifié est rendu par 2 ou plusieurs signifiants. P. ex., je parle, je lis, je peux, la 1 personne est rendue par "e", "s" ou "x".

Du point de vue traditionnel l'analytisme réside surtout dans l'invariabilité du mot même, alors que les significations grammaticales sont exprimées par des morphèmes séparables (p. ex., J'ai parlé, nous avons parlé, il a parlé - a parlé) et des formes telles que "nationales" sont considérées comme synthétiques par la tradition, car la marque grammatical "e" et "s" font partie du mot, mais comme analytique par Charles Bally, car chaque signifié possède son propre signifiant, ainsi "e" exprime le féminin, "s" - le pluriel. Comparé "nationaux" - forme synthétique selon la grammaire traditionnelle et synthétique selon Bally, car ici il y a cumule, "aux" exprime à la fois et le genre, et le nombre. On peut constater que les termes synthétisme, analytisme sont compris différemment comme nous le montre la confrontation de la théorie de Charles Bally avec le point de vue traditionnel. P. ex., la marche - marche (synthétique d'après Charles Bally, analytique pour la grammaire traditionnelle.

 

10) le signe linguistique, l'asymétrie du signe linguistique. Les types d'asymétrie.

Chaque signe linguistique se caractérise par le rapport de 2 cotés: forme et contenu (signifiant et signifié), mais le plan de la forme et le plan du contenu ne coïncident pas toujours, en raison de l'asymétrie générale du signe linguistique. Cette asymétrie entre la forme et le contenu peut se manifester sous 3 aspects:

1) syntagmatique;

2) paradigmatique;

3) sémiotique.

On distingue 6 types principaux d'asymétrie grammaticale:

Sous l'aspect syntagmatique: les rapports syntagmatiques concernent les relations linéaires entre signes. La symétrie suppose que dans la chaîne parlée le nombre des éléments formels coïncide avec le nombre des éléments du contenu. Si ce parallélisme se trouve rompu, 2 types d'asymétrie deviennent possibles:

A) la forme amalgamée ou synthétique - cette forme correspond à l'ensemble des contenus, p. ex., "le plus petit" et "le moindre" - ces formes expriment chacune 2 idées: notion lexicale "petit" et le degré superlatif, mais de façons différentes. La première les présente séparément et dans la seconde aucun élément comparable à "petit" ne peut être dégagé. Charles Bally appelle ce procédé "le cumule". Il compare "nationales" et "nationaux", si dans la forme du féminin le genre et le nombre sont exprimés respectivement par -es, au masculin -aux, notent à la fois ces 2 catégories.

B) la forme analytique (fractionnée) quand un contenu est exprimé à l'aide d'éléments séparables (p. ex., la notion de temps verbal est rendu en français par des terminaisons en cadre d'un seul mot - "je parlais", "je parlerai" - ou par plusieurs éléments séparables - "j'ai parlé", "j'avais parlé", "j'ai eu parlé").

Aspect paradigmatique - la symétrie suppose que dans le système d'une langue une forme correspond à un seul contenu, tant dis qu'un contenu est rendu par une seule forme. Il existe dans la langue 2 types d'asymétrie possible:

A) la forme polysémique - une forme à plusieurs significations (fonctions). (P. ex., la forme "il part" dans la phrase "il part demain" présente une asymétrie sous l'aspect paradigmatique, la forme du présent exprime le future). La flexion orthographique "e" exprime la 1-ère ou 3-ème personne du singulier du présent des verbes du 1-er groupe - "je parle", "il parle".

B) La forme synonymique: un même contenu est exprimé à l'aide de plusieurs formes, p. ex., la 1-re personne du singulier peut s'exprimer par "e" ("je parle"); "s" ("je finis"); "x" ("je veux").

Aspect sémiotique. La sémiotique, science des signes, caractérise le signe linguistique par le rapport de 2 côtés - signifiant/signifié (forme/contenu). La symétrie suppose que les 2 côtés de cette relation sont présents (F – C). En cas d'absence d'un de ces côtés, il apparaît 2 types d'asymétrie:

A) forme zéro (Ø-C) - quand un contenu, fonction grammaticale, n'est exprimé par aucun signe spécial, p. ex., dans l'adjectif "noires" (f. pl.) les notions de genre et de nombre sont rendues respectivement par les signifiants -es, tant dis que dans le "noir" aucune marque spécifique ne correspond à même notion. On a un morphème zéro.

B) forme vide (F-Ø) ou forme asémantique, non-significative ne possède qu'une fonction formelle, non-significative, p. ex., le genre et le nombre des adjectifs ou le nombre de pluralia tantum (substantifs existant qu'au pluriel, p. ex., alentours ножницы, les archives, форма мн. ч. не противопоставляется форме ед. ч.).

 



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